1 mars 2009

UN APRES-MIDI DE CHIEN

Posted by Yann On 3/01/2009 07:10:00 PM 0 tête(s) de smeg !

Basé sur une histoire vraie (d'après un article de P.F. Kluge et Thomas Moore), Dog Day Afternoon se concentre sur Sonny (Al Pacino) et son braquage raté d’une petite banque par une chaude journée d’été. Ce braquage sera durant plusieurs heures médiatisé à outrance et Sonny deviendra malgré lui un héros aux yeux des badauds.

Le scénario de Dog Day Afternoon n’est pas aussi innocent qu’il paraît et possède plusieurs niveaux de lecture. Le premier est évidemment la sympathie qu’on s’attire pour le personnage de Sonny. On le suit, avec son comparse Sal, 2H durant et on est atteint, tel le personnel de la banque, d’une sorte de syndrome de Stockholm. En effet, on ne peut s’empêcher d’éprouver du respect et de l’amitié pour ce personnage perdu, qui n’a jamais eu de bol entre des parents loosers, une première femme égoïste, et une « seconde » complètement névrosée et mal(e) dans sa peau : Léon. Pour autant, Lumet ne commet pas l’erreur de cautionner le comportement de ses personnages. Il les explique (sauf pour Sal, qui est un personnage extrêmement complexe, partagé entre sa bigotterie et son amour de l’argent) mais reste en retrait et ne fait pas de ses personnages des anges. Ainsi, Sonny battait Léon, et n’avait que peu de respect pour Angie, sa première femme. Malgré cela, on sent une tendresse évidente de Sonny envers Léon.

On peut également ajouter au scénario un autre niveau de lecture, plus critique et acerbe.
D’une part, Lumet montre l’aspect « cirque » du braquage et la sur-médiatisation de l’ensemble. Sonny devient un héros, à la limite du martyr parfois, et est acclamé par les foules. Médias fustigés également pour les erreurs qu’ils transmettent et l’exhibitionnisme dont il font preuve à propos des préférences sexuelles de Sonny. On peut d’ailleurs remarquer que les foules ne se privent par pour émettre des moqueries quand ils apprennent l’homosexualité de celui qu’ils applaudissaient peu de temps avant.
D’autre part, les évènements présentés permettent de critiquer l’amour des masses par rapport à l’argent. Lors d’une scène, Sonny, qui a pu sortir quelques instants, distribue de l’argent autour de lui. De même, Lumet critique l’exagération dont font preuve les forces de police et les moyens employés pour arrêter les braqueurs d’une petite banque (10 voitures de flics, hommes en surnombre, hélicoptère …).

Lumet n’épargne donc personne, malgré l’aspect sympathique de tous les personnages.
Grâce à une réalisation sobre et sans esbroufe, et un scénario plus malin que la moyenne, Lumet nous a livré un excellent film, porté par l’incroyable jeu de son acteur principal, qui accuse certes une ou deux longueurs, mais qui place la barre assez haut. On peut noter que Dog Day Afternoon fut la principale influence de JCVD le film (coiffure du complice en prime).

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