« Je crois que l'univers est comme une grande horloge. Et que nous sommes les engrenages de cette horloge. Il faut que certains crans tournent vers la gauche pour que d'autres aillent vers la droite et fassent fonctionner le tout. Et chacun d'entre nous possède un rôle très précis dans cette grande horloge qui se rénove sans cesse. C'est une horloge formée de chacun d'entre nous. » Guillermo del Toro, ou comment parler avec lucidité de son oeuvre.
J'ai revu Blade II hier soir. Je n'en avais quasiment aucun souvenir. La vision de ce putain de métrage est l'occasion de revenir sur le bonhomme, créateur talentueux, génial et généreux. Ce petit article n'a pas vocation d'analyser chaque film du monsieur (je ne suis de toute façon pas assez doué pour ça) mais de témoigner de mon amour pour grand réalisateur. Je n'ai vu Mimic qu'à sa sortie en vidéo (1998, j'avais 11 ans...) et je ne vais pas en parler sur les bases d'un vague souvenir.
Note : les résumés viennent de Wikipedia
CRONOS (1993)
Un antiquaire découvre par hasard un curieux scarabée en or. Intrigué, il tente d'ouvrir l'objet mais active sans le vouloir un mouvement d'horlogerie ... le compte à rebours vers une forme particulière de "dépendance" est enclenché. Le scarabée ne s'ouvre pas, ce n'est pas une boîte précieuse et décorative, mais c'est quand même une boîte de Pandore au mécanisme très sophistiqué.
Premier long-métrage de Del Toro, Cronos présente toutes les qualités et tous les défauts inhérents à une première oeuvre. Le réalisateur a en effet voulu y mettre toutes ses obsessions et le film préfigure déjà les thématiques récurrentes dans l'oeuvre de Del Toro : obsession du temps, monstres "humanisés", relation paternelle, religion (le héros s'appelle Jésus Gris)... et Ron Perlman ! Si le film accuse quand même quelques défauts de rythme et de "trop pleins", Cronos reste une oeuvre hautement sympathique qui laisse présager le talent de Del Toro. Et puis putain, quel final !
L'ECHINE DU DIABLE (2001)
En Espagne, durant la guerre civile, Carlos, un garçon de douze ans dont le père est décédé, débarque à Santa Lucia, un établissement catholique pour orphelins. Il est remis au bons soins de Carmen, la directrice, et du professeur Casares. Mais il doit faire face à l'hostilité de ses camarades et de Jacinto, l'homme à tout faire. Par ailleurs, ce lieu hostile dissimule derrière ses murs deux secrets : l'or de la cause républicaine, et le fantôme d'un enfant qui hante le sous-sol.
Pré-figurant Le Labyrinthe de Pan, L'échine du diable est un film extrêmement personnel (il a écrit le scénario alors qu'il était au collège !) après la commande Mimic. Transcendant le concept de film de fantômes, Del Toro offre une oeuvre magnifique sur le temps, la mort, le fascisme l'amour et la vengeance. Le spectre devient ainsi une métaphore de ce que l'on a tendance à oublier mais qui revient nous hanter à la moindre occasion (l'Espagne franquiste). Narrativement très riche (le film n'a pas d'histoire à proprement parler mais est un assemblage très réussi de scènes fantastiques et romantiques ajoutés à une évolution de personnage très travaillée), L'Echine du diable est une petite merveille mais n'est pas encore le gros choc que sera Le Labyrinthe de Pan, son meilleur film à ce jour.
BLADE II (2003)
Après avoir vaincu Deacon Frost dans le premier volet, Blade aide une troupe de vampires à éliminer une race supérieure de vampires, les Reapers, qui s'en prennent tour à tour à leurs confrères aux grandes dents. Ils sont menés par Nomak, mais Blade et son équipe de vampires (et d'humains : Whistler et Scud) réussiront-ils à tous les exterminer ?
Après un très bon premier volet (qui avait quelques tics agaçants), Del Toro accepte une commande et offre Blade II, putain de badass movie où le réalisateur s'approprie la franchise et lui offre ses thématiques propres. Il y a de tout dans Blade II : des ninjas, de la pétoire, des vampires, des grosses bastons, des répliques qui tuent ("You're human !" "Barely, I'm a lawyer" ; "You obviously do not know who you are fucking with !"), une ambiance gothique (les égouts), des références aux comics books (on les doit surtout à David Goyer : "The Dark Knight returns !") et un Wesley Snipes plus classe que jamais (avant la chute Blade Trinity). Blade II, avec son schéma classique, est un monster-movie ultra réjouissant. J'ai juste un petit problème avec la première demi-heure, légèrement bancale où les personnages ne font que poser. Mais vu la teneur du reste du métrage, on peut facilement faire avec.
HELLBOY (2004)
En 1944, le jeune Professeur Trevor Broom assiste à une opération nazie appelée "Ragna Rok", dirigée par Grigori Raspoutine, un homme qui a été tué puis ressuscité. Cette opération consiste à libérer l'"Ogdru-Jahad", grâce à un gant ,un démon uni de sept démons puissants, pour gagner la guerre, selon les ordres du Führer. Mais grâce aux soldats américains, l'opération échoue, Raspoutine est absorbé par l'enfer et libère un petit démon rouge avec un gros bras en pierre qui possède les mêmes capacité que le gant de la machine. Broom l'adopte et le nomme : Hellboy.
Je ne suis pas un inconditionnel de Hellboy premier du nom. Il est bon, on retrouve les thématiques habituelles de Del Toro (apparemment les fans ont été scandalisé de voir la BD de Mignola, que je n'ai jamais lue, trahie), Ron Perlman est parfait, mais il y a quelque chose, un je ne sais quoi qui ne vous fait pas totalememt adhérer au film. Mais ne crachons pas dans la soupe hein ! Hellboy est vraiment bon.
LE LABYRINTHE DE PAN (2006)
En 1944, la guerre d'Espagne est achevée et le pays est désormais sous la coupe de Franco. Les maquisards se terrent dans les montagnes. La jeune Ofelia suit sa mère, remariée avec le tyrannique et sanguinaire capitaine Vidal. Guidée par un étrange insecte qu'elle prend pour une fée, la jeune fille découvre au cœur d'un labyrinthe voisin de sa nouvelle maison un faune inquiétant. Il lui révèle qu'elle serait la princesse d'un monde souterrain égarée sur la Terre. Mais pour en être certain, et pour qu'elle puisse retrouver son vrai père et sa vraie mère, Ofelia devra réussir trois épreuves.
Alors là attention chef-d'oeuvre ! Reprenant le mélange entre Film de guerre et film fantastique qui avait déjà fait la réussite de L'échine du diable, Del Toro livre un film absolument magistral sur l'imagination, les monstres, la vie et la mort. Véritable centre de l'histoire, Ofelia est une petite fille qui vivra des aventures fantastiques (mais les vit-elle vraiment ?), sombres miroirs de la vie réels (le parallèle entre vidal et le pale man est saisissant !). Véritable œuvre métaphorique, Le Labyrinthe de Pan est une déclaration d'amour à l'imaginaire, seul échappatoire possible à une vie réelle qui n'entraîne que la mort et la déchéance. Mais Del Toro ne fait pas que raconter une histoire puissante et universelle, il transcende également ses propres thématiques, les mêle et en retire la substantifique moelle. Par exemple le personnage de Vidal est constamment lié au temps. Il est réglé comme une horloge, il en devien tinhumain, un véritable monstre au sens métaphorique du terme. Jusqu'au final où sa montre s'arrête et où le spectateur change totalement de point de vue, l'espace d'un instant. De plus, il revient sur la mort de l'enfance et de l'innocence (littéralement) déjà vue dans L'Echine du diable, et là aussi adaptée de façon magistrale à son propos. Traumatisant, beau, lyrique, touchant, flippant, Le Labyrinthe de Pan est tout cela à la fois. Del Toro est un génie.
Note : les résumés viennent de Wikipedia
CRONOS (1993)
Un antiquaire découvre par hasard un curieux scarabée en or. Intrigué, il tente d'ouvrir l'objet mais active sans le vouloir un mouvement d'horlogerie ... le compte à rebours vers une forme particulière de "dépendance" est enclenché. Le scarabée ne s'ouvre pas, ce n'est pas une boîte précieuse et décorative, mais c'est quand même une boîte de Pandore au mécanisme très sophistiqué.
Premier long-métrage de Del Toro, Cronos présente toutes les qualités et tous les défauts inhérents à une première oeuvre. Le réalisateur a en effet voulu y mettre toutes ses obsessions et le film préfigure déjà les thématiques récurrentes dans l'oeuvre de Del Toro : obsession du temps, monstres "humanisés", relation paternelle, religion (le héros s'appelle Jésus Gris)... et Ron Perlman ! Si le film accuse quand même quelques défauts de rythme et de "trop pleins", Cronos reste une oeuvre hautement sympathique qui laisse présager le talent de Del Toro. Et puis putain, quel final !
L'ECHINE DU DIABLE (2001)
En Espagne, durant la guerre civile, Carlos, un garçon de douze ans dont le père est décédé, débarque à Santa Lucia, un établissement catholique pour orphelins. Il est remis au bons soins de Carmen, la directrice, et du professeur Casares. Mais il doit faire face à l'hostilité de ses camarades et de Jacinto, l'homme à tout faire. Par ailleurs, ce lieu hostile dissimule derrière ses murs deux secrets : l'or de la cause républicaine, et le fantôme d'un enfant qui hante le sous-sol.
Pré-figurant Le Labyrinthe de Pan, L'échine du diable est un film extrêmement personnel (il a écrit le scénario alors qu'il était au collège !) après la commande Mimic. Transcendant le concept de film de fantômes, Del Toro offre une oeuvre magnifique sur le temps, la mort, le fascisme l'amour et la vengeance. Le spectre devient ainsi une métaphore de ce que l'on a tendance à oublier mais qui revient nous hanter à la moindre occasion (l'Espagne franquiste). Narrativement très riche (le film n'a pas d'histoire à proprement parler mais est un assemblage très réussi de scènes fantastiques et romantiques ajoutés à une évolution de personnage très travaillée), L'Echine du diable est une petite merveille mais n'est pas encore le gros choc que sera Le Labyrinthe de Pan, son meilleur film à ce jour.
BLADE II (2003)
Après avoir vaincu Deacon Frost dans le premier volet, Blade aide une troupe de vampires à éliminer une race supérieure de vampires, les Reapers, qui s'en prennent tour à tour à leurs confrères aux grandes dents. Ils sont menés par Nomak, mais Blade et son équipe de vampires (et d'humains : Whistler et Scud) réussiront-ils à tous les exterminer ?
Après un très bon premier volet (qui avait quelques tics agaçants), Del Toro accepte une commande et offre Blade II, putain de badass movie où le réalisateur s'approprie la franchise et lui offre ses thématiques propres. Il y a de tout dans Blade II : des ninjas, de la pétoire, des vampires, des grosses bastons, des répliques qui tuent ("You're human !" "Barely, I'm a lawyer" ; "You obviously do not know who you are fucking with !"), une ambiance gothique (les égouts), des références aux comics books (on les doit surtout à David Goyer : "The Dark Knight returns !") et un Wesley Snipes plus classe que jamais (avant la chute Blade Trinity). Blade II, avec son schéma classique, est un monster-movie ultra réjouissant. J'ai juste un petit problème avec la première demi-heure, légèrement bancale où les personnages ne font que poser. Mais vu la teneur du reste du métrage, on peut facilement faire avec.
HELLBOY (2004)
En 1944, le jeune Professeur Trevor Broom assiste à une opération nazie appelée "Ragna Rok", dirigée par Grigori Raspoutine, un homme qui a été tué puis ressuscité. Cette opération consiste à libérer l'"Ogdru-Jahad", grâce à un gant ,un démon uni de sept démons puissants, pour gagner la guerre, selon les ordres du Führer. Mais grâce aux soldats américains, l'opération échoue, Raspoutine est absorbé par l'enfer et libère un petit démon rouge avec un gros bras en pierre qui possède les mêmes capacité que le gant de la machine. Broom l'adopte et le nomme : Hellboy.
Je ne suis pas un inconditionnel de Hellboy premier du nom. Il est bon, on retrouve les thématiques habituelles de Del Toro (apparemment les fans ont été scandalisé de voir la BD de Mignola, que je n'ai jamais lue, trahie), Ron Perlman est parfait, mais il y a quelque chose, un je ne sais quoi qui ne vous fait pas totalememt adhérer au film. Mais ne crachons pas dans la soupe hein ! Hellboy est vraiment bon.
LE LABYRINTHE DE PAN (2006)
En 1944, la guerre d'Espagne est achevée et le pays est désormais sous la coupe de Franco. Les maquisards se terrent dans les montagnes. La jeune Ofelia suit sa mère, remariée avec le tyrannique et sanguinaire capitaine Vidal. Guidée par un étrange insecte qu'elle prend pour une fée, la jeune fille découvre au cœur d'un labyrinthe voisin de sa nouvelle maison un faune inquiétant. Il lui révèle qu'elle serait la princesse d'un monde souterrain égarée sur la Terre. Mais pour en être certain, et pour qu'elle puisse retrouver son vrai père et sa vraie mère, Ofelia devra réussir trois épreuves.
Alors là attention chef-d'oeuvre ! Reprenant le mélange entre Film de guerre et film fantastique qui avait déjà fait la réussite de L'échine du diable, Del Toro livre un film absolument magistral sur l'imagination, les monstres, la vie et la mort. Véritable centre de l'histoire, Ofelia est une petite fille qui vivra des aventures fantastiques (mais les vit-elle vraiment ?), sombres miroirs de la vie réels (le parallèle entre vidal et le pale man est saisissant !). Véritable œuvre métaphorique, Le Labyrinthe de Pan est une déclaration d'amour à l'imaginaire, seul échappatoire possible à une vie réelle qui n'entraîne que la mort et la déchéance. Mais Del Toro ne fait pas que raconter une histoire puissante et universelle, il transcende également ses propres thématiques, les mêle et en retire la substantifique moelle. Par exemple le personnage de Vidal est constamment lié au temps. Il est réglé comme une horloge, il en devien tinhumain, un véritable monstre au sens métaphorique du terme. Jusqu'au final où sa montre s'arrête et où le spectateur change totalement de point de vue, l'espace d'un instant. De plus, il revient sur la mort de l'enfance et de l'innocence (littéralement) déjà vue dans L'Echine du diable, et là aussi adaptée de façon magistrale à son propos. Traumatisant, beau, lyrique, touchant, flippant, Le Labyrinthe de Pan est tout cela à la fois. Del Toro est un génie.
HELLBOY II (2008)
Dans son enfance, Hellboy se fait raconter par son père adoptif l'histoire de la guerre des débuts des temps. Elle a opposé l'alliance des elfes, des orques et des gobelins au peuple humain, dont le seul but est de croître et de prospérer au détriment de l'équilibre du monde. Afin de remporter la guerre, les elfes firent forger par les gobelins une armée de soldats d'or contrôlée par une couronne d'or. La guerre prit alors un tournant favorable pour les créatures fantastiques. Mais le roi des elfes, pris de tristesse devant cette victoire sanglante, décida d'une trève. La couronne fut brisée en trois ; un morceau fut confié aux humains et les deux autres conservés par les elfes, afin que les légions d'or ne soient jamais reformées. Des millénaires plus tard, un des trois fragments de la couronne est en vente, il est volé par le prince des Elfes, Nuada, qui veut reprendre la guerre contre les humains et reformer les Légions d'Or.
Ce film a été l'occasion pour moi de "rencontrer" (un bien grand mot.. mais j'ai envie de me la péter) Guillermo Del Toro lors de l'avant-première du film. On s'est serré la main et il m'a dédicacé des dvd (dont Le Labyrinthe de Pan évidemment). Bref j'arrête de frimer.
A la sortie d'Hellboy II, j'avais résumé le film à ceci : Blade II + Le labyrinthe de Pan = Hellboy II. Difficile de faire plus clair. En effet, la suite d'Hellboy enterre définitivement son prédécesseur de part un putain de scénario geek, des scènes de monstres jouissives (et sans CGI !), des personnages fabuleux et des thématiques passionnantes encore une fois. Comme dans le premier épisode qui s'interrogeait (de façon logique) déjà sur la notion d'être humain, cet épisode humanise (à outrance ?) Hellboy (il faut voir cette fabuleuse scène d'ivresse pour comprendre de quoi je parle) et tous les monstres à l'écran. Et puis la scène finale est juste orgasmique. Comme pour Le Labyrinthe de Pan, del Toro a appris à mêler adroitement toutes ses thématiques et obsessions à son propos. Pas un chef-d'oeuvre (en raison d'une première demi-heure légèrement moins bonne...) mais un putain de film de ouf de sa mère.
Et Del Toro va réaliser Bilbo le Hobbit. Si ça c'est pas merveilleux.
Edit : Un livre devrait sortir sous le titre : "los secretos de Guillermo del Toro".
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