La stratégie Ender [Le cycle d'Ender 1]
Il y a cinquante ans, la flotte terrienne a réussi à repousser l’attaque des Doryphores. Aujourd’hui pourtant, une nouvelle invasion menace. Un programme militaire pour la formation des futurs commandants de la flotte est en cours, mais chaque heure compte. Parmi les élèves-officiers – tous des surdoués –, Andrew Wiggin, dit Ender, focalise toutes les attentions. Apppelé à devenir un puissant stratège, il est le jouet des manipulations de ses supérieurs depuis sa naissance… et cela le dépasse. Car c’est entre ses mains que repose le sort de l’humanité. Lui qui n’a que six ans. (1)
Grosse découverte, que je souhaite partager, que ce Ender's game (le titre original) de l'écrivain Orson Scott Card. Roman de SF passionnant, vainqueur de divers prix dans les années 80, il est intéressant à plusieurs niveaux.
Monomythe
Ce qui frappe le plus à la lecture de l'oeuvre, c'est à quel point l'auteur a repris (intentionnellement ?) les principes théoriques du mythographe Joseph Campbell dont le célèbre Monomythe, déja évoqué ici. Pour rappel, le Monomythe est un motif que l'on retrouve dans de nombreux récits dès l'aube des civilisations : de la naissance au meurtre du père en passant par le passage de la caverne, les récits adoptent souvent la même structure dans une histoire faisant traverser à son Héros de nombreuses épreuves. Et Ender est l'un de ces Héros.
En effet, tout le récit est structuré de façon à donner une image que l'on pourrait qualifier de pervertie de cette architecture. Ainsi, le récit débute avec l'impression qu'a Ender de ne pas être à sa place. De son vrai nom Andrew, il est le dernier de sa fratrie dans un monde où le nombre d'enfants autorisés est de deux maximum (d'où le surnom Ender... le dernier, qui accomplit une ultime tâche, qui termine une guerre... on ne peut pas faire plus clair). On lui donne alors le choix de partir. Il accepte et subit alors tout un tas d'épreuves, accompagné de compagnons de route, recevant même un temps l'apprentissage d'un être quasi surnaturel ayant défié le temps. Pourquoi "quasi pervertie" ? Pour la simple et bonne raison qu'alors que le récit d'un Héros est composé d'épreuves devant le mener à l'accomplissement de son être, à sa renaissance mythologique, les tâches à accomplir ici ne visent qu'à en faire une bête de guerre, un commandant belliqueux et fin stratège, destiné à accomplir une quête dont il ne veut pas. Peut-on dévier un héros de sa course ? Au final, qu'est-ce qu'un Héros ? Une chose à laquelle aurait du répondre Georges Lucas et Gary Kurtz dans leur vision générale de la prélogie Star Wars. Et ouais mais yen a un qu'a pété les plombs 20 ans avant...
Note supplémentaire : dans une mise en abîme maline, Card fait faire à son personnage une seconde quête, plus proche de l'imagerie populaire qu'on peut avoir du monomythe, à base de géants, miroir, château etc..
Mormon
Une des particularités de l'auteur est d'être un mormon. Evidemment un douloureux souvenir pointe le bout de son nez à cette évocation. Sans être aussi évident que dans le truc de Meyer, les références Mormones sont distillées de temps en temps dans l'oeuvre. Outre les allusions christiques à la fin du livre, et apparemment encore plus développées dans les suites, l'amour frère-soeur est très présent, surtout vers la fin du roman. Encore plus ambigu, la vision de l'homosexualité. S'il Card a été très clair dans ses déclarations vis-à-vis des homosexuels, le ressenti d'Ender face à une amitié très forte tend à penser que Card laisse quelques pulsions s'étaler dans le roman. Des mots tendres entre deux garçons à une scène de bagarre sous la douche (!), certains passages sont tendancieux... Nous passerons sur sa légère homophobie, des juifs imposteurs aux français auto-satisfaits... Ce n'est qu'une facette minime d'un roman qui est intéressant à d'autres niveaux.
Hard SF ?
Ecrivain de SF, Card n'hésite pas à décrire un environnement assez précis où se croisent vaisseaux spatiaux, gravité zéro, problème de temporalité, vitesse lumière, aliens, batailles spatiales ... Les détails se multiplient au fur et à mesure du roman, sans aller jusqu'à la rigueur scientifique, l'auteur colle au plus près de la crédibilité. Un vrai plaisir pour la lecture en somme. Je vous laisse avec ce comic qui colle à l'actualité, Ender's game étant régulièrement sujet à un projet d'adaptation ciné. (2)
(1) : Résumé de la quatrième de couverture - J'ai lu 3781
(2) : Comic de 2004 - http://www.penny-arcade.com/comic/2004/02/18/
Grosse découverte, que je souhaite partager, que ce Ender's game (le titre original) de l'écrivain Orson Scott Card. Roman de SF passionnant, vainqueur de divers prix dans les années 80, il est intéressant à plusieurs niveaux.
Monomythe
Ce qui frappe le plus à la lecture de l'oeuvre, c'est à quel point l'auteur a repris (intentionnellement ?) les principes théoriques du mythographe Joseph Campbell dont le célèbre Monomythe, déja évoqué ici. Pour rappel, le Monomythe est un motif que l'on retrouve dans de nombreux récits dès l'aube des civilisations : de la naissance au meurtre du père en passant par le passage de la caverne, les récits adoptent souvent la même structure dans une histoire faisant traverser à son Héros de nombreuses épreuves. Et Ender est l'un de ces Héros.
En effet, tout le récit est structuré de façon à donner une image que l'on pourrait qualifier de pervertie de cette architecture. Ainsi, le récit débute avec l'impression qu'a Ender de ne pas être à sa place. De son vrai nom Andrew, il est le dernier de sa fratrie dans un monde où le nombre d'enfants autorisés est de deux maximum (d'où le surnom Ender... le dernier, qui accomplit une ultime tâche, qui termine une guerre... on ne peut pas faire plus clair). On lui donne alors le choix de partir. Il accepte et subit alors tout un tas d'épreuves, accompagné de compagnons de route, recevant même un temps l'apprentissage d'un être quasi surnaturel ayant défié le temps. Pourquoi "quasi pervertie" ? Pour la simple et bonne raison qu'alors que le récit d'un Héros est composé d'épreuves devant le mener à l'accomplissement de son être, à sa renaissance mythologique, les tâches à accomplir ici ne visent qu'à en faire une bête de guerre, un commandant belliqueux et fin stratège, destiné à accomplir une quête dont il ne veut pas. Peut-on dévier un héros de sa course ? Au final, qu'est-ce qu'un Héros ? Une chose à laquelle aurait du répondre Georges Lucas et Gary Kurtz dans leur vision générale de la prélogie Star Wars. Et ouais mais yen a un qu'a pété les plombs 20 ans avant...
Note supplémentaire : dans une mise en abîme maline, Card fait faire à son personnage une seconde quête, plus proche de l'imagerie populaire qu'on peut avoir du monomythe, à base de géants, miroir, château etc..
Mormon
Une des particularités de l'auteur est d'être un mormon. Evidemment un douloureux souvenir pointe le bout de son nez à cette évocation. Sans être aussi évident que dans le truc de Meyer, les références Mormones sont distillées de temps en temps dans l'oeuvre. Outre les allusions christiques à la fin du livre, et apparemment encore plus développées dans les suites, l'amour frère-soeur est très présent, surtout vers la fin du roman. Encore plus ambigu, la vision de l'homosexualité. S'il Card a été très clair dans ses déclarations vis-à-vis des homosexuels, le ressenti d'Ender face à une amitié très forte tend à penser que Card laisse quelques pulsions s'étaler dans le roman. Des mots tendres entre deux garçons à une scène de bagarre sous la douche (!), certains passages sont tendancieux... Nous passerons sur sa légère homophobie, des juifs imposteurs aux français auto-satisfaits... Ce n'est qu'une facette minime d'un roman qui est intéressant à d'autres niveaux.
Hard SF ?
Ecrivain de SF, Card n'hésite pas à décrire un environnement assez précis où se croisent vaisseaux spatiaux, gravité zéro, problème de temporalité, vitesse lumière, aliens, batailles spatiales ... Les détails se multiplient au fur et à mesure du roman, sans aller jusqu'à la rigueur scientifique, l'auteur colle au plus près de la crédibilité. Un vrai plaisir pour la lecture en somme. Je vous laisse avec ce comic qui colle à l'actualité, Ender's game étant régulièrement sujet à un projet d'adaptation ciné. (2)
(1) : Résumé de la quatrième de couverture - J'ai lu 3781
(2) : Comic de 2004 - http://www.penny-arcade.com/comic/2004/02/18/