Né en 1932 à Philadelphie, Ben Bova commence sa carrière en tant que journaliste pour le New York Times puis le Wall Street Journal avant de rejoindre le programme Wanguard de la NASA, premier programme de satellites artificiels aux USA, où il travaille dans le domaine des lasers. Suite à la mort de John W. Campbell (auteur, entre autres, de Who Goes There? nouvelle ayant inspiré le film La Chose d'un autre monde) il devient éditeur du magasine Analog puis, au début des années 80, d'Omni. Il remporte le Prix Hugo de Professional Editor de 1973 à 1977 puis en 1979. Son travail à la NASA lui permet d'apporter un véritable bagage scientifique à ses écrits et il prédit la course à la lune des années 60, la réalité virtuelle, le clonage humain, les livres électroniques... Il a d'ailleurs travaillé comme consultant technique auprès de réalisateurs comme George Lucas ou Gene Roddenberry.
Ben Bova en 1974
Il est l'auteur de 33 essais, 64 romans et 12 anthologies et plusieurs de ses bouquins sont des best-sellers aux États-Unis. Il est surtout connu pour sa série du Grand Tour relatant l'exploration de diverses planètes, lunes ou astéroïdes par la NASA ou des organismes privés. La série démarre en 1992 avec Mars et comporte aujourd'hui 15 tomes (9 dans la série Les planètes du Grand Tour, 5 dans The Asteroïde Wars et un bouquin intitulé Tales of the Grand Tour).
Étrangement, seuls quelques uns des romans de Ben Bova ont été traduits chez nous, dont trois de la série Grand Tour: Mars, Retour sur Mars et Vénus. Deux tomes consacrés à la colonisation de la Lune, publiés entre Mars et Retour sur Mars, ont été purement et simplement zappés, bien que Vénus y fasse référence lors de quelques passages...
Gros pavés SF, Mars et Retour sur Mars (environ 700 pages chacun en poche) se dévorent toutefois à vitesse grand V, Ben Bova ayant un véritable don pour rendre ses romans ultra accrocheurs. Situé aux alentours de 2020, Mars relate la première mission spatiale à destination de la planète rouge. Si Ben Bova parvient à rendre la planète absolument fascinante et son exploration très réaliste, il centre avant tout le récit sur les personnages et les répercutions politiques de l'exploration. En scaphandre au milieu d'un désert rougeâtre, à la merci d'une tempête de sable dévastatrice ou d'un problème électrique, les personnages doivent également gérer la récupération politique de l'événement sur Terre et une simple phrase malencontreusement prononcée par Jamie, le personnage principal, lors de la retransmission en direct de l'atterrissage lui vaudra toutes les emmerdes du monde pendant quasiment toute la durée de la mission.
Tous de nationalités différentes, les personnages sont assez hauts en couleur et génèrent également divers conflits liés à des problèmes d'égo et/ou d'intérêt, la situation étant particulièrement difficile pour Jamie puisqu'il s'est retrouvé sélectionné pour la mission au dernier moment, suite à un soucis de santé du géologue initialement désigné.
Ben Bova parvient ainsi a rendre son récit haletant d'un bout à l'autre, un problème en remplaçant un autre à longueur de chapitre, qu'il vienne du matériel, de la planète en elle même ou des personnages, et le côté scientifique, assez poussé sans jamais tomber dans la description technique, rend l'ensemble également assez passionnant.
Dans Retour sur Mars, on prend les mêmes et on recommence ! Cette fois Jamie se retrouve à la tête de la mission et doit gérer tout l'aspect relationnel ainsi que les divers conflits au sein de l'équipage. La mission étant, cette fois ci, financée par des capitaux privés, l'aspect commercial remplace les enjeux politiques du premier tome, obligeant les personnages à réaliser des visites de Mars en réalité virtuelle ou à récupérer des véhicules de la mission précédente afin de les mettre aux enchères, tout cela au détriment de la recherche scientifique...
Mars et Retour sur Mars pourront sans doute plaire aux lecteurs n'étant généralement pas amateurs de SF, l'ensemble ressemblant surtout à du roman d'aventure bigger than life.
Un troisième volet, Mars'Life est sorti aux USA en 2008 mais, comme le reste de la saga, n'a pas (encore ?) été traduit chez nous.
Vénus, quant à lui, est assez différent. Plus court que les romans précédents ("seulement" 470 pages), il se situe dans un futur un peu plus avancé, aux alentours de 2050 et Ben Bova se permet de prendre un peu plus de liberté avec l'aspect "réaliste" de son histoire. Dans le monde de Vénus, l'humanité à quasiment triomphé de la mort et de la vieillesse et la plupart des maladies fatales sont facilement soignables. Le milliardaire Vam Humphries décide d'offrir une fortune à quiconque sera assez fou pour aller récupérer les restes de son fils, mort lors d'une mission sur Vénus ayant mal tournée. A la surprise générale, c'est son second fils, assez frêle et plutôt tourné vers les arts, qui décide de relever le défi... Mais il n'est pas seul dans la compétition !
Alors que Mars et sa suite relevaient du récit d'aventure, les astronautes découvrant les territoires encore inexplorés de la planète rouge, Vénus, lui, tient plus du "20.000 lieues sous les mers" dans l'espace. En effet, l'atmosphère de Vénus empêche quiconque de sortir du vaisseau et l'équipage se retrouve agglutiné dans un sous-marin s'enfonçant petit à petit dans l'atmosphère ultra dense et ultra chaude de Vénus. Bonjours le stress !
Comme toujours, le récit est surtout centré sur les hommes et les femmes participants à l'expédition, mais exit les considérations politiques ou commerciales, on se retrouve ici en plein milieu de conflits personnels, de vengeance et autres mutineries... L'aspect scientifique du bouquin s'efface plus ou moins selon les événements et certains personnages sont franchement têtes à claque par moments, tout cela rendant le livre parfois un peu moins prenant que les romans précédents, mais l'écriture de Ben Bova est toujours aussi fluide et on voit à peine passer les 470 pages que durent Vénus !
Bref, j'invite donc tous les amateurs de SF, et les autres, à découvrir Ben Bova, vous ne devriez pas être déçus du voyage !
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