18 févr. 2011

Black Swan vs Paperhouse

Posted by Yann On 2/18/2011 12:49:00 PM 0 tête(s) de smeg !


A l'heure où Darren Aronofsky est de plus en plus sacralisé par les critiques et le public grâce aux sorties de The Wrestler et de ce Black Swan, il est bon de rappeler l'existence d'un film de 1988 réalisé par Bernard "Candyman" Rose au début de sa carrière. S'il n'est pas utile de rappeler le synopsis du dernier film du réalisateur de The Fountain, il convient de présenter ce Paperhouse peu connu :

Agée de onze ans, la petite Anna verra le jour de son anniversaire tourner à l’hécatombe suite à une punition qu’elle se verra infliger par sa maîtresse. Ne supportant pas son sort, elle fait semblant de s’évanouir et plonge dans ses rêves ou elle se retrouve face à une curieuse maisonnette, qu’elle venait de dessiner sur son cahier. Chaque modification sur le dessin a des répercutions sur les rêves de Anna, des rêves très réels par ailleurs, peut-être trop…(1)

Pourquoi rapprocher ces deux films si différents ? Malgré deux histoires uniques, ces deux films traitent d'une thématique similaire. A la lisière du fantastique, ce sont deux contes ayant pour sujet sous-jacent la relation entre réalité et imaginaire, entre psychologie et imagination, le tout avec une symbolique forte. Mais l'approche qu'ont les réalisateurs est opposée.

Le premier, Darren Aronofsky pour Black Swan, opte pour une histoire sombre montrant la folie progressive de son personnage (Natalie Portman) face à l'invasion de sa part sombre, symbolisée par le personnage interprété par Mila Kunis. Une histoire traversée par de nombreuses allégories, qui sont ses principales qualités mais également ses plus fortes limites. En effet, à l'instar de The Wrestler, le réalisateur de Pi et de Requiem for a Dream, tombe dans plusieurs travers, dont le plus gros est de tout rabâcher à son spectateur au lieu de continuer simplement et humblement son histoire. Du coup, on a l'impression pendant une bonne majorité du métrage que les personnages ne sont là que pour faire évoluer ces images symboliques (le cuni par Mila Kunis -il fallait que je la place- fausse scène branchouille et hot) là où on aurait attendu plus de subtilité (la scène en boîte jouant sur le contraste techno/classique par exemple). Erreur impardonnable, il choisit son camp entre fantastique et psychologique alors qu'il jouait sur les deux tableaux de façon cohérente pendant les 3/4 du film... Aronofsky délaisse un peu son histoire pour sa symbolique, soit l'inverse totale d'un Bernard Rose pour Paperhouse.


Déjà, il faut noter que Paperhouse est beau. Très beau même. Traversé par des scènes magnifiques de rêve (et de cauchemar), le film est un sacré morceau visuel et mérite d'être vu rien que pour ces passages. Mais Rose et son scénariste Matthew "Young Indiana Jones" Jacobs, qui ont compris le matériau auquel ils s'attaquaient, offre un film sur la confrontation entre rêve et réalité, pouvant rapprocher deux êtres mais également les éloigner, l'un et l'autre s'imbriquant parfaitement jusqu'à influer l'un sur l'autre. Jusqu'à un final triste, Bernard Rose tient bon et ne tombe jamais dans la symbolique facile, soit l'inverse de Black Swan.

Paperhouse est disponible pour un prix très attractif ici (attention pas de sous-titres ou de VF).

(1) : source

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